Artistes complices - Marie Godefroy

Actuellement, elle est sur deux créations en cours prévues pour 2024 : BARRAGE BARRAGE avec le Projet D et CRUSH, spectacle de théâtre d’objet crée en lien avec des femmes détenues en centre pénitencier. Elle travaille également sur le projet collectif UNE USINE, projet territorial autour de l’ancienne cartonnerie de Mesnay, où le Projet D a installé ses ateliers en 2011.

Peux-tu nous raconter ton parcours, comment la marionnette est venue à toi ?

La marionnette est venue a moi comme un cadeau. Avant ma rencontre avec elle, je faisais du théâtre. Au début, elle est arrivée dans ma pratique comme un nouvel outil et très vite, elle s’est installée au cœur de mon travail et de mes envies. Elle a épaissi ma pratique, elle lui a donné du corps et des nouvelles dimensions. Elle fait le lien entre la matière et les idées, et cette continuité entre les deux est une source d’enthousiasme et d’imagination jusqu’ici intarissable.

Elle est vite devenue une compagnonne de vie, avec qui je voyage souvent et rencontre une multitude de gens, d’univers et de lieux.

Quelle est ton approche artistique ?

En interaction constante avec d’autres, notamment en collectif, je tourne autour du présent, de la conjoncture actuelle, et tente d’en tirer des fils pour tisser des spectacles ou des ateliers. Je cherche, je lis, je réfléchis. De là où je suis, je regarde les cartes que j’ai en main et tente de trouver lesquelles sont intéressantes à jouer. Je parie, je tente, j’imagine des possibles et des stratégies.

Mes questions sont assez stables : Pourquoi je fais ça ? Comment s’articulent les dynamiques qui impulsent la création et les cadres (économiques, institutionnels,…) dans lesquels elle peut avoir lieu ? Avec quels éléments humains et non humains on s’organise et comment on converge ensemble vers une forme commune ? Vers quoi on tend ? Comment toujours partir de ce qui est là et se tenir disponible aux choses qui arrivent, sans que des idées préconçues ne leur fassent barrage ? Tout en maintenant la tension vers ce que nous cherchons, comment construire avec l’imprévisible.

Les réponses sont mouvantes, précaires. Elles sont propres à chaque création, à chaque public, à chaque moment, à chaque groupe. Alors, il s’agit de composer avec les précarités de tous genres qui déterminent nos vies et nos créations.

Avec le ludique et la joie d’être ensemble comme guides, la marionnette comme co-pilote, je trace ma route artistique à l’affût de tous les carrefours et les ronds points, qui sont mes endroits préférés.

Être artistes complice du Tas de Sable – Ches Panses Vertes, qu’est ce que ça représente ? 

C’est l’occasion de tracer une continuité dans mon parcours. Pour y être née et y avoir grandi, la Picardie est un territoire qui m’est cher. J’y reviens très régulièrement pour moult raisons et la perspective d’y développer une activité me ravit. C’est avec la compagnie Ches Panses Vertes que j’ai découvert la marionnette, dans le cadre de l’option Théâtre au lycée. Depuis, je n’ai cessé d’être en lien avec cette compagnie, puis le Tas de Sable quand il a été construit. C’est mon point de départ et la continuité que je lis dans le fait de devenir artiste complice ici est précieux pour moi.

Par ailleurs, c’est éprouver de prés le fonctionnement d’un lieu tel que le Tas de Sable, qui plus est un Centre National de la Marionnette en préparation. En tant que marionnettiste depuis une dizaine d’années, je travaille régulièrement avec les lieux marionnettes et développer un travail ancré dans l’un deux est une occasion de saisir un autre angle de vue sur la profession et les institutions qui l’encadrent.

Enfin, c’est l’occasion de créer une nouvelle aire de jeu, que j’appelle la Compagnie Madeleine Renard, dans laquelle je peux développer des choses spécifiques à ce territoire et à ce lieu, spécifiques à ce qu’ils m’inspire. Ma présence ici et les différentes interactions que j’y vis sont sources d’idées, d’envies et de perspectives.

Quels sont tes projets à plus long terme ?

Dans le cadre de mon travail avec le Tas de Sable-Ches Panses Vertes, et de la compagnie Madeleine Renard, je vais commencer un cycle sur la Science Fiction, l’Ecologie et le Féminisme. A l’heure d’aujourd’hui, j’envisage ce travail sur 3 pôles :

– la création du Groupe SF : constitution d’un groupe d’amateurices ayant envie de s’essayer à la marionnette et de développer avec elle, des imaginaires sur le registre de la Science Fiction.

– un temps de recherche sur les liens et les champs d’action possibles entre Ornithologie et Marionnette.

– la création d’un spectacle mêlant Marionnette, Ornithologie et Science Fiction en 2025 : OIZO

Parallèlement, avec le collectif Projet D, nous continuons d’explorer et d’affiner nos questions infinies. Nous expérimentons et construisons nos méthodologies parfois éphémères, parfois renouvelables, propres au travail en collectif et à la zone rurale. BARRAGE BARRAGE et L’USINE sont les deux projets du moment sur lesquels nous travaillons dans ce sens.